« Dictateur : personne qui, à la tête d'un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ». Une définition à laquelle répondent Adolf Hitler, Joseph Staline, Kim Jong Il, Saddam Hussein, Nicolae Ceausescu, Jean-Bedel Bokassa ou Mouammar Kadhafi. Cruel, paranoïaque, coupé du réel, le dictateur souffre d'une pathologie propre au pouvoir : l'abus de pouvoir, symbolisé par les génocides, les crimes, la suppression de la liberté d'expression... L'ancien cuisinier de Kim Jong Il (Kenji Fujimoto), le tailleur de Saddam Hussein (Recep Cesur) ou le compagnon de chasse à l'ours de Nicolae Ceausescu (Vasile Crisan) témoignent des étonnantes manies et caprices des principaux tyrans.

Depuis qu'il a été adoubé en 2004 par Vladimir Poutine pour succéder à son père, mort dans un attentat, Ramzan Kadyrov, 41 ans, règne d'une main de fer sur la Tchétchénie, petite république inféodée à la Russie, peuplée en majorité de musulmans. Les mots d'ordre sont clairs : répression contre les homosexuels, indulgence envers la polygamie, mariages forcés de mineures ou paies des fonctionnaires amputées afin d'alimenter l'obscure fondation Kadyrov. En contrepartie d'une généreuse enveloppe de 350 millions d'euros annuels, la Russie lui sous-traiterait le silence des voix dissidentes, la gestion des poussées indépendantistes et la guerre contre l'islamisme radical aux confins de l'empire. Forte de près de 30 000 hommes, sa vindicative garde prétorienne est en première ligne au Donbass ukrainien, et, dernièrement, en Syrie.

Des montagnes, des collines, des prés : les paysages sont comme des livres ouverts dans les vallées du Caucase géorgien. En le regardant, d'en haut ou d'en bas, ses habitants se souviennent des mots qui ont marqué leurs esprits. Ils lisent des livres ou jouent des poèmes, célébrant ainsi l'amour et la nature. Mais toute cette harmonie et tout cet espoir dans le futur risquent pourtant constamment d'être brisés par l'irruption soudaine du présent. Au Caucase, les rites et les prières aux divinités païennes sont un pain quotidien. On y écrit en marchant, en travaillant, en chantant, en s'asseyant le dos contre un arbre. Mes deux protagonistes disent et lisent de la poésie, celle de Vaja Pchavéla, de Charles Ferdinand Ramuz, de Baudelaire. Une poésie qui ne parle pas que d'amour et de nature, mais qui évoque aussi des inquiétudes : parmi des arbres qui pleurent et des cloches fêlées, on entend les bruits d'un danger qui se rapproche, prémonitoire d'un possible abattement.