Arnaud Khayadjanian entame un périple en Turquie, sur la terre de ses ancêtres, rescapés du génocide arménien. À partir d'un tableau, de ses rencontres et de témoignages familiaux, il explore la situation méconnue des Justes, ces anonymes qui ont sauvé des vies en 1915.
L'histoire de la Turquie a été façonnée par deux grandes figures politiques : Mustafa Kemal (1881-1934), connu sous le nom d'Atatürk, le père des Turcs, fondateur de l'État moderne, et l'actuel président Recep Tayyıp Erdoğan, qui souhaite apparemment que la Turquie retrouve la prééminence politique et militaire qu'elle avait en tant qu'empire sous la dynastie ottomane.
Des bergers et leurs bêtes, pris dans un torrent. Des paysans dévalant la pente d'une montagne ou fuyant devant des meules de foin. L'agencement des plans, cependant, fait que dans un point du montage à distance, on peut faire entrer tout l'univers.
1915 : l'empire ottoman est plongé dans la Grande Guerre : elle entraînera sa chute. Dans ce contexte, plus d'un million d'Arméniens sont massacrés par les Turcs. En Turquie, l'évocation du génocide a toujours été refusée, l'emploi du mot " génocide " interdit. Pourtant, c'est au sein même de la société turque que des voix s'élèvent aujourd'hui : elles disent l'impérieuse nécessité de la vérité. Le film va à la rencontre de deux personnages, un Turc et une Arménienne de Turquie. Hasan Cemal, journaliste et intellectuel, est le petit-fils de Cemal Pacha, l'un des trois planificateurs du génocide. Son cheminement l'a amené à se rebeller contre l'histoire officielle. Fethiye Cetin, avocate et militante des droits de l'homme, s'est découvert à l'âge adulte la petite-fille d'une rescapée du génocide adoptée par une famille turque. Elle oeuvre pour que la Turquie retrouve la mémoire. A travers eux, ce film mêle grande et petite histoire, entre Histoire et mémoire.