L'artiste suisse Markus Raetz a un sixième sens pour appréhender l’extraordinaire. Ses œuvres sont aussi stupéfiantes que les tours de passe-passe d’un magicien : elles bousculent les habitudes visuelles et montrent les choses dans une tout autre perspective. Pour encore mieux surprendre le spectateur, cet artiste suisse perspicace sait recourir aux techniques, aux matériaux et aux médias les plus divers. Ses installations et ses sculptures changent d'apparence au gré de leur propre mouvement ou de celui du spectateur qui les contemple. C’est ainsi qu’un lapin devient un homme à chapeau évoquant Beuys, ou qu’un oui se transforme en non. Ce document nous présente un regard très personnel sur le monde et sur l’homme qui se cache derrière ces œuvres exceptionnelles.

Aux regards de l'érudit ou du simple curieux, du croyant ou de l'indifférent, le monachisme est un fait exceptionnel d'adéquation et de distancement, de fascination et d'interpellation dont la force calme ébranle. Son actualité éclate à la manière d'une inaltérabilité que les changements ne défigurent pas, que les rides ne touchent guère. La surface de l'océan est étale, épanouie, tandis que les profondeurs bouillonnent. Certes, l'histoire l'a marqué, voire ébranlé, comme toute autre manière d'être et de vivre. Pourtant il donne l'impression de transcender le temps, de se situer à un niveau où les hommes de tous les temps reconnaissent la meilleure part d'eux-mêmes, leur intériorité...

Arash et Anoosh travaillent comme DJs dans le milieu croissant de de la techno underground à Téhéran. Sans perspectives d’avenir et fatigués de l’éternel jeu de cache-cache avec la police, ils programment dans les conditions dangereuses une dernière rave frénétique en plein désert. De retour à Téhéran, ils tentent vainement de diffuser leur album de musique non autorisé. Lorsqu’Anoosh est arrêté dans une fête, s’éteint leur dernière lueur d’espoir d’un avenir en Iran. Mais voilà qu’ils reçoivent un appel de la Streetparade de Zurich, la plus grande fête techno du monde. Après les angoisses de l’attente, un visa de 5 jours leur est accordé. Arrivés en Suisse, les interviews se multiplient dans les radios et les journaux et les millions de raveurs et collègues DJ les propulsent subitement dans une autre dimension. L’euphorie s’évanouit cependant lorsque le retour approche qui les met devant une grande décision…

On ne connaît ni le jour ni l'heure. Quand une maladie survient, avec les douleurs, la déchéance, nous voilà face à la mort. Ce qui reste à vivre apparait comme terrible et angoissant. Comment s'épargner une lente agonie, pour soi comme pour ses proches ?. La Suisse est le seul pays au monde où des associations telles qu'EXIT proposent, en toute légalité, une assistance au suicide pour les personnes en fin de vie. Depuis plus de vingt ans, des bénévoles accompagnent malades et handicapés vers une mort choisie qu'ils estiment plus digne

Ibrahim Gezer, un apiculteur kurde, a tout perdu dans la répression de l'insurrection kurde en Turquie ; réfugié en Suisse, il a reconstitué ses colonies d'abeilles.

Se (re)plongeant dans le culturisme, David Nicolas Parel entreprend de suivre son frère cadet dans son entraînement pour l’Arnold Classic – Arnold, du fameux acteur et politicien autrichien et américain. Persuadé d’être celui qui a inspiré cette passion, il s’inquiète des risques de ce sport pour la santé de son frère et aspire à renforcer leurs liens désormais distendus. Un film sur le fil.

Fernand Melgar porte son regard vers la fin du parcours migratoire. Au centre de détention administrative de Frambois, des hommes sont emprisonnés dans l’attente d’un renvoi du territoire helvétique. Leur demande d’asile a échoué, ils sont sommés de repartir après, pour certains, avoir passé plusieurs années en Suisse, travaillé, payé des impôts, fondé une famille.

Une fanfare du Bénin part à la conquête de Lagos, au Nigéria. Le film raconte le choc de deux Afriques. Sur cette longue route qui mène dans la mégalopole, se jouent l’aventure d’un continent, les nouveaux aimants culturels du Sud, le gouffre qui sépare des pays frontaliers. En rencontrant Femi Kuti et les panafricanismes contemporains, le Gangbé Brass Band travaille au corps les idées reçues. Le film ne raconte pas l’éternelle quête d’Europe des Africains. Sur un mode poétique et funky, il ouvre de nouvelles pistes.

Madame Mercedes travaille depuis 35 ans comme prostituée pour automobilistes à Berne. Un portrait intime sur ce que vieillir signifie lorsqu’on est prostituée – un documentaire sur un épisode de l’histoire des mœurs suisse en passe de disparaître.

Un jeune couple se rend avec un vieux bus VW de Paris à Marseille par l'autoroute. Or il ne s'agit pas d'un voyage normal, mais d'un jeu avec la réalité, d'une expédition avec des règles précises: ils doivent passer dans chaque aire de repos, dormir une nuit toutes les deux aires et ne jamais quitter l'autoroute pendant tout ce temps. Au lieu de 7 heures, leur voyage durera 33 jours.

On ne va pas dans le désert par hasard. Celui qui s'expose volontairement à l'hostilité à la vie a un objectif d'importance. Un scientifique traque les secrets d'un monde disparu avec les moyens les plus modernes. Sur un site biblique, un groupe de pèlerins suit les traces de Dieu. Une citadine moderne cherche toute seule et se contente du plus élémentaire d'elle-même. Et finalement, une nouvelle génération esquisse en état d'ivresse une vision d'avenir. Dans la grandeur et la munificence du désert, l'homme apparaît, malgré tous les efforts, de manière magnifique tel qu'il est : petit.

Entre 1947 et 1951, plus de 80 000 hommes, femmes et enfants grecs ont été internés sur l’îlot de Makronissos (Grèce) dans des camps de rééducation destinés à lutter «contre l’expansion du communisme». Parmi ces déportés se trouvaient de nombreux écrivains et poètes, dont Yannis Ritsos et Tassos Livaditis. Malgré les privations et les tortures, ces exilés sont parvenus à écrire des poèmes qui décrivent leur (sur)vie dans cet univers concentrationnaire. Ces textes, pour certains enterrés dans le sol du camp, ont été retrouvés. «Comme des lions de pierre à l’entrée de la nuit» mêle ces écrits poétiques avec des discours de rééducation politique qui étaient diffusés en permanence dans les haut-parleurs des camps. De longs travellings, tels des mouvements hypnotiques, arpentent les ruines des camps et “se heurtent” aux archives photographiques. Un essai filmé qui ranime la mémoire de ruines oubliées et d’une bataille perdue.

Une imposante construction des années 1960. 2500 personnes de 42 nations vivent ici. Séparé de la ville par une rivière, bordé de hautes falaises de grès, chacun essaie de vivre et de survivre à sa manière. Les étrangers essaient d'être des Suisses et des Suisses sceptiques. Les gens se retrouvent dans le magasin local tenu par un exilé irakien, envoient leurs enfants dans un club d'enfants missionnaires et dans le seul pub les vieux habitués s'assoient autour d'une bière. Malgré toutes les différences, les gens sont même un peu fiers de venir d'ici.

Pascal, 35 ans, père de famille, a choisi de s’habiller en femme, au vu de tous. Démolisseur de voiture le jour, il rêve de cabaret et répète le soir sous les conseils de sa femme son futur show de transformiste. Le problème, c’est qu’il ne vit pas à Paris, mais à Moudon, une petite ville campagnarde. Aux yeux des autorités, ce couple hors norme trouble l’ordre public et choque la morale. Mais Pascal et Carole, avec leurs quatre enfants, veulent se faire accepter tels qu’ils sont et, malgré les pressions, ne quitteront pas de ce bourg.

En fouillant les archives familiales amassées par Léa, 95 ans, sa fille Anne décide de porter à l’écran l’histoire de quatre générations hantées par un secret. Jamais leur aïeule, mère célibataire et domestique ambitieuse qui épousa un vieillard de la haute société de Sion, ne consentit à révéler le nom de son père à son fils, relégué dans la «plèbe» à l’adolescence. Le film retrace avec audace et mordant cette étonnante saga d’émanation d’un autre âge.

Max Frisch était le dernier grand intellectuel suisse dont la «voix» a été largement entendue et appréciée au-delà des frontières de son pays: un personnage comme on n'en trouve presque plus aujourd'hui. Sur fond de XXe siècle finissant, le film suit l'histoire de Frisch en tant que témoin de son temps et demande si nous avons encore besoin de telles «voix» – ou si nous ne pourrions pas nous en passer aujourd'hui.

Dans la guerre la vérité meurt en premier. Le journaliste Peter Surava a essayé d'écrire sur les atrocités des nazis pendant la guerre, mais la censure a frappé: sur les articles d'abord, puis sur la personne.

Les Icariens (habitants de la petite île grecque du Nord-est de la mer Egée, voisine de la Turquie), lorsqu'ils nous parlent de la vie quotidienne sur leur île, ne mentent pas, ne falsifient pas: ils ne font jamais référence à un monde "vrai" qui serait caché derrrière le monde "apparent", et dont nous aurions à dégager les multiples significations. Le sens de notre film, c'est uniquement de ce monde "apparent" que nous avons dû l'extraire, et non pas donc d'un au-delà imaginaire auquel il ferait référence.

En avril 2006, 13'000 personnes de l'ethnie Dajo se réfugient dans la plaine de Gouroukoun, à l'Est du Tchad. Tous sont des survivants de la guerre du Darfour. Ils y construisent un camp, s'y enferment et s'y inventent une survie. L'auteur s'est enfermé à son tour dans cette prison sans mur. Des images patientes racontent l'interminable temps de l'attente. Une vie au ralenti qui s'égrène, comme suspendue dans le dénuement. Des réfugiés prennent longuement la parole, des enfants dessinent des batailles, des petites filles fredonnent des chansons guerrières: un film de guerre, sans aucune image de guerre...

Sur invitation de la célèbre Dia Art Foundation des Forest Houses, un lotissement de logements sociaux dans le sud du Bronx, à New York, Thomas Hirschhorn construit le «Gramsci Monument», un hommage au politicien, philosophe et communiste italien Antonio Gramsci. Les gens du quartier l’aident à monter et à faire fonctionner l’installation artistique. Le «Gramsci Monument» devient ainsi, le temps d’un été, le point de ralliement du quartier, mais aussi la Mecque du monde de l’art. Le cinéaste accompagne cette aventure: une réflexion sur les ambitions et la réalité de l’œuvre artistique de Hirschhorn.