L'orchestre dirigé par Colin Davis donne du volume à cette musique intemporelle jusqu'aux frissons. La mise en scène, assez riche et scintillante crée une ambiance féerique et mystique. Les belles lumières amplifient les mouvements. Et tout cela est soutenu par les chanteurs-comédiens, tous remarquables et totalement habités par leurs rôles (petit bémol aux Trois Garçons, un peu trop tendus et frêles...). Deux personnages cependant sont au delà de ce qu'on appelle "la performance". Papageno d'abord, chanté et interprété par Simon Keenlyside, tout simplement exceptionnel. Le chanteur rend ce personnage particulièrement attachant, pataud, candide et devient la quintessence de l'oiseleur. Vient ensuite le rôle emblématique de cet opéra: La Reine de la Nuit. Et là, on est électrisé par Diana Damrau, elle aussi exceptionnelle. Elle transforme la performance vocale en performance humaine et céleste.
Le grand retour de "Jesus Christ Superstar", célèbre opéra-rock créé dans les années 1970, dans une nouvelle production en 2019, avec dans le rôle de Jésus le chanteur de soul John Legend, dans celui du roi Hérode le rockeur Alice Cooper, et dans celui de Judas, l'acteur et chanteur Brandon Victor.
Jonas Kaufmann et Anna Caterina Antonacci apportent une intensité érotique rare au drame de Don José et Carmen dans cette interprétation passionnée et sombre d'un opéra très populaire. Kaufmann utilise brillamment sa voix de ténor et ses postures pour représenter un homme détruit par l'amour de Carmen. Quand à l'objet de son désir, Antonacci nous la livre dans une performance physique incomparable.
Anna Netrebko dans le rôle de la belle et riche Adina dirige le casting de la production de Barlett Sher de la charmante comédie de Donizetti, vue pour la première fois lors de la soirée d'ouverture de la saison 2012-13 du Met. Matthew Polenzani est Nemorino, le garçon de la campagne pauvre mais au bon cœur qui gagne son amour - avec l'aide de "l'élixir" magique vendu par le charlatan Dulcamara, joué par Ambrogio Maestri. Mariusz Kwiecien est le fanfaron sergent Belcore et Maurizio Benini dirige.
Le ténor Vittorio Grigolo incarne le rôle-titre de l’opéra fantastique d’Offenbach, offrant un tour de force dans le rôle du poète torturé et malchanceux en amour. Il est rejoint par un trio de grandes dames : Erin Morley chante la poupée mécanique Olympia, Hibla Gerzmava est la fragile Antonia et Christine Rice chante Giulietta, la courtisane vénitienne. La production colorée de Bartlett Sher, vue ici dans sa deuxième présentation Live in HD, met également en vedette Thomas Hampson dans le rôle des sinistres Quatre Méchants et Kate Lindsey dans le rôle de Niklausse, l'ami et muse d'Hoffmann. Yves Abel dirige.
Le chef-d’œuvre épique de Berlioz raconte la magnifique saga des suites de la guerre de Troie et des exploits d’Énée. Le ténor montant Bryan Hymel, dans ses débuts au Met, incarne le héros chargé par les dieux de la fondation de la ville de Rome. Susan Graham incarne Didon, reine de Carthage, qui devient l'amante d'Énée, et Deborah Voigt chante Cassandra, la princesse troyenne dont les avertissements sur la destruction imminente de Troie restent lettre morte. La production atmosphérique de Francesca Zambello, mettant en vedette la chorégraphie de Doug Varone, est dirigée par le chef d'orchestre principal du Met, Fabio Luisi.
La douleur d’un amour non partagé est dépeinte de manière inoubliable par deux des plus grandes stars d’aujourd’hui. Renée Fleming est radieuse musicalement et dramatiquement dans le rôle de la timide Tatiana, qui tombe amoureuse du mondain Onéguine, interprété avec un charisme dévastateur par Dmitri Hvorostovsky. Leur chant et leur alchimie envoûtantes explosent dans l’une des scènes finales les plus déchirantes de l’opéra. Avec Valery Gergiev sur le podium dirigeant la partition passionnée de Tchaïkovski, cette performance restera dans les âges.